Les bonnes raisons d’éviter de consommer les derives du soja
Par Sally Fallon Morell et Maria Enig
“Chaque année, les travaux de recherche sur le soja et les produits à base de dérivés du soja semblent croître de façon exponentielle. Mieux encore, la recherche ne se limite plus aux premiers domaines d’investigation, comme le cancer, les affections cardiovasculaires et l’ostéoporose. De nouvelles découvertes donnent à penser que le soja a potentiellement des effets favorables dans plus de situations qu’on ne l’avait pensé jusqu’ici.”
Voilà ce qu’écrivait Mark Messina, Phd, Président Général du Troisième Symposium sur le Soja, qui s’est tenu à Washington, DC, en novembre 1999. (1) Pendant 4 jours, des savants bien financés réunis à Washington présentèrent leurs travaux à des journalistes admiratifs et à leurs sponsors : l’United Soybean Board, l’American Soybean Association, Monsanto, Protein Technologies International, Central Soja, Cargills Foods, Personnal Products Company, Soylife, Whitehall Robins Healthcare et les Soybean Councils de l’Illinois, de l’Indiana, du Michigan, du Kentucky, du Minnesota, du Nebraska de l’Ohio et du South Dakota.
Le symposium marquait l’apogée d’une campagne marketing commencée 10 ans plus tôt pour faire accepter aux consommateurs tofu, lait de soja, glaces au soja, fromage de soja, saucisse de soja et composés dérivés du soja, comme les isoflavones telles que la ginestéine et le diadzène, ou les constituants à activié oestrogène que l’on trouve dans la graine de soja. Il coïncidait avec une décision de l’US Food and Drug Administration (FDA) proclamant le 25 octobre 1999 l’octroi d’une “revendication santé” (health claim) pour les produits à base de soja “à faible teneur en graisses saturées et en cholestérol” contenant au moins 6,25 grammes de soja par portion. Céréales du petit déjeuner, viennoiseries, plats cuisinés, douceurs et substituts de viande pouvaient dorénavant être commercialisés avec des étiquettes vantant leurs avantages pour la santé cardiovasculaire, à condition qu’ils continssent la valeur d’une cuillère à café bien pleine de protéine de soja par portion.
Marketing de l’aliment parfait
“Pensez seulement que vous pouvez faire pousser l’aliment parfait. Cet aliment-là ne procurerait pas seulement une alimentation équilibrée que l’on puisse acheter, mais il serait aussi délicieux et facile à préparer d’une multitude de façons. Ce serait un aliment sain, sans graisses saturées. En fait, vous feriez naître une véritable source de jouvence sur votre quarantaine passée.” C’est ce qu’écrivait Dean Houghton, pour Furrow 2, un magazine publié en douze langes par John Deere. (2) “Cet aliment idéal préviendrait les maladies que l’on craint le plus au monde, et peut-être même en renverserait le cours. Vous pourriez faire pousser cette plante miracle dans une grande variété de sols et de climats. Sa culture améliorerait les sols au lieu de les épuiser… En réalité cette plante miracle existe déjà… On l’appelle soja.”
Imaginez la suite. Les agriculteurs l’ont imaginée : ils plantent de plus en plus de soja. Ce qui n’était qu’une culture minoritaire autrefois, classée dans l’édition de 1913 du Manuel du Ministère de l’Agriculture Américain non pas comme un aliment, mais comme une culture industrielle, couvre à présent 72 millions d’acres (environ 40 millions d’hectares) de terres arables. Une grande partie de la récolte servira à nourrir des poulets, des dindons, des porcs, des vaches et des saumons. Une autre partie imporatnte sera pressée pour produire l’huile nécessaire à la fabrication de la margarine, des “shortenings” et des assaisonnements pour la salade.
Les progès de la technologie permettent de produire des protéines de soja à partir d’un produit qui fut longtemps considéré comme un déchet, le tourteau de soja dégraissé riche en protéines, et de le transformer de la sorte en une denrée qui a une très belle apparence et une bonne odeur à la base d’aliments destinés aux hommes. Des intensificateurs de la saveur, des conservateurs, des édulcorants, des émulsifiants et des nutriments de synthèse ont transformé le triste isolat de soja, le vilain petit canard des industries agro-alimentaires, en une Cendrillon de l’Age Nouveau.
Le nouvel aliment digne du conte de fées n’a pas été tellement vendu pour sa beauté, mais pour ses vertus. Dans les tout premiers temps, les produits à base d’isolat de soja étaient vendus comme ajouts ou produits de substitution de la viande, une stratégie qui n’a pas réussi à bâtir la demande des consommateurs espérée. C’est pourquoi l’industrie changea de stratégie. “La façon la plus rapide pour attirer la confiance de l’acheteur dans les couches de population les moins aisées” dit un porte-parole de l’industrie “est de fabriquer un produit consommé par les plus riches en raison de ses seuls mérites.” (3) C’est ainsi que le soja est à présent vendu au consommateur du haut de l’échelle, non pas comme une denrée bon marché pour les pauves, mais comme un produit miracle qui permet de prévenir le cancer et les maladies cardio-vasculaires, élimine les bouffées de chaleur, donne des os solides et nous permet de rester jeune pour toujours.La concurrence de la viande, du lait, des fromages et des oeufs a été “démonisée” par les services officiels appropriés. Le soja remplace lait et viande pour une génération de végétariens vertueux.
Mais le marketing coûte très cher, en particulier quand il a besoin d’être soutenu par de la “recherche”. Mais il y a beaucoup d’argent disponible. Tous les producteurs de soja sont astreints à un paiement obligatoire de 1/2 à 1 % du prix de vente net du soja. Le total, quelque chose comme 4 millions de dollars chaque année (4), finance le programme de l’United Soybean pour “renforcer la position du soja sur le marché, et maintenir et accroître la place de la graine de soja et des denrées à base de soja sur le marché intérieur et à l’exportation. Les associations constituées en faveur du soja dans les états du Maryland, du Delaware, de l’Arkansas, de la Virginie, du North Dakota et du Michigan founissent 2,5 autres millions de dollars pour la recherche. (5) Les compagnies privées ne sont pas en reste : en une année, Archer Daniels & Middland a dépensé 4,7 millions de dollars en annonces publicitaires pour l’émission “Meet the press” et un autre 4,3 millions pour l’émission “Face à la Nation”. (6) Des firmes de relations publiques contribuent à transformer les résultats des recherches en articles pour les journaux et en annonces publicitaires. Des cabinets d’avocats font du “lobbying” pour la mise en place d’une législation favorable aux produits du soja. L’argent de l’IMF sert à financer des usines de transformation du soja à l’étranger et les accords de libre échange maintiennent l’abondance du soja pour les destinations d’au delà des mers.
La pression en faveur du soja a été globale dans son objectif et sans répit. La protéine de soja se retrouve dans la pluaprt des pains vendus en supermaché. Elle est utilisée pour transformer “l’humble tortilla, l’aliment essentiel à base de maïs du Mexique, en supertortilla qui donnera un tonus nutritionnel formidable à 20 millions de Mexicains extrêmement pauvres.” (7) La publicité en faveur d’un nouveau pain enrichi au soja fabriqué par Allied Bakeries en Grande Bretagne a pour cible les femmes ménauposées victimes de bouffées de chaleur. Les ventes se situent à 1/4 de million de miches par semaine. (8)
L’industrie du soja a loué les services de Norman Robert Associates, une firme de relations publiques, pour “faire en sorte qu’il y ait plus de produits à base de soja dans les menus des cantines scolaires”. (9) Le ministère de l’Agriculture américain a proposé en réponse de supprimer la limite de 30 % en protéines de soja dans le repas de midi des écoles. Le NuMenu permettrait l’utilisation illimitée du soja dans les repas pour les étudiants. Avec du soja ajouté aux hamburgers, aux tacos et aux lasagnes, les diététiciens peuvent abaisser au dessous de 30 % le contenu du menu en calories fournies par les graisses, se conformant par là aux dictats de notre gouvernement : ” Avec les aliments enrichis en soja, les étudiants reçoivent de meilleures rations de nutriments avec moins de cholestérol et de graisses.”
C’est le lait de soja qui a engrangé les gains les plus élevés, passant d’une valeur de 2 millions de dollars en 1980 à plus de 300 millions en 1999. (10) De récents progrès dans la fabrication ont transformé un breuvage asiatique gris, peu épais, amer et au goût de haricot en un produit que les consommateurs de l’Ouest peuvent accepter, une denrée qui a le goût d’un “milkshake”, pris sans un quelconque sentiment de culpabilité.
Des miracles dans la fabrication, une belle présentation, une publicité massive et une bonne stratégie de marketing, soulignant les bénéfices possibles du produit sur la santé, sont les raisons du succès des ventes à tous les groupes d’âge de la population. Par exemple, des essais montrant que le soja aide à la prévention du cancer de la prostate a attiré l’attention des hommes d’âge moyen : “vous n’avez pas besoin de tordre le bras d’un type entre 55 et 60 ans pour l’inciter à essayer le lait de soja” répète Mark Messina. Michael Milken, l’ancien financier de “junk bonds”, a permis à l’industrie de laisser tomber son image hippie avec des incitations bien faites à consommer 40 grammes de protéine de soja par jour.
L’Amérique aujourd’hui, demain le monde entier. Les ventes de lait de soja augmentent au Canada, en dépit du fait qu’il coûte là-bas deux fois plus cher que le lait de vache. Des usines à lait de soja s’elèvent dans des endroits tels que le Kénya. (11) Même la Chine, où vraiment le soja est un aliment pour les pauvres et où la population désire plus de viande, et pas plus de tofu, a décidé deconstruire des usines à soja façon occidentale, plutôt que de développer des pâturages pour y faire paître des animaux. (12)
Le côté noir de la Cendrillon
La propagande qui a créé ces ventes formidables de soja est d’autant plus remarquable que, seulement quelques décades plus tôt, le soja était considéré comme impropre à la consommation, même en Asie. Durant la dynastie Chiu (1134-246 avant J-C), le soja était considéré comme l’une des cinq graines sacrées, avec l’orge, le blé, le millet et le riz. Toutefois le pictogramme pour le soja, qui date de temps encore plus anciens, montre qu’il ne fut pas utilisé en tant qu’aliment en premier. Car les pictogrammes des quatre autres graines montrent la semence et la forme de la plante, tandis que celui du soja met l’accent sur la structure de la racine. La littérature consacrée à l’agriculture mentionne souvent le soja et son utilisation dans la rotation des cultures. Apparemment le soja a été utilisé au début en tant que moyen de fixer l’azote. (13)
Le soja ne fut utilisé pour l’alimentation qu’après la découverte des techniques de fermentation au cours de la dynastie Chou. Les premiers aliments fabriqués à partir de la graine de soja furent le résultat de fermentations, comme le tempeh, le natto, le miso et la sauce de soja. Plus tard, probablement au cours du deuxième siecle avant J-C, les savants chinois trouvèrent qu’une purée de soja cuite pouvait être précipitée par le sulfate de calcium ou de magnésium ( plâtre de Paris ou sels d’Epsom) pour fabriquer un caillé pâle et lisse, le tofu ou caillé de haricots. L’utilisation de dérivés fermentés de soja après précipitation s’étendit aux autres régions de l’Orient, en particulier au Japon et en Indonésie.
Les Chinois ne mangeaient pas de soja non fermenté comme ils le faisaient pour les autres légumineuses comme les lentilles, parce que le soja contient de grandes quantités de toxines naturelles ou “facteurs antinutritionnels”. En tout premier lieu s’y trouvent de puissants inhibiteurs qui bloquent l’action de la trypsine et celle d’autres enzymes indispensables à la digestion. Ces inhibiteurs sont de grosses molécules de protéines très hermétiquement repliées qui ne sont pas complètement désactivées lors d’une simple cuisson. Il peuvent produire de graves troubles gastriques, réduisent la digestion des protéines et des carences chroniques d’absorption des acides aminés. Sur les animaux d’expérimentation, les rations riches en inhibiteurs de la trypsine provoquent l’augmentation du volume du pancréas, et aussi le cancer. (14)
Le soja contient aussi des hémagglutinines, substances favorisant la coagulation, qui poussent les globules rouges à se coller les uns aux autres.
Les facteurs antitrypsine et les hémagglutinines sont des inhibiteurs de la croissance. Des rats sevrés nourris avec du soja contenant ces substances antinutritionnelles ne grossissent pas normalement. Les composés qui dépriment la croissance sont inactivés lors de la fermentation. C’est la raison pour laquelle les Chinois commencèrent à incorporer des aliments à base de soja dans leur régime. Dans les produits précipités comme le tofu, les inhibiteurs d’enzymes se concentrent dans le liquide de trempage plutôt que dans le caillé. De la sorte dans le tofu et le caillé de haricots, les substances dépressives de la croissance sont réduites en quantité, mais elles ne sont pas totalement éliminées.
Le soja contient également des substances goitrigènes. Sa teneur en acide phytique, présent dans le son ou l’enveloppe de toutes les graines, est élevée. Cette substance peut bloquer l’absorption de minéraux essentiels dans le tractus intestinal (calcium, magnésium, cuivre, fer et particulièrement zinc). Bien que n’étant pas un mot familier, l’acide phytique a été étudié de façon extensive. Il y a des centaines d’articles sur les effets de l’acide phytique dans la littérature scientifique. Les chercheurs sont en général d’accord en ce que les régimes à base de graines et de légumineuses riches en phytates sont la cause des carences nombreuses en minéraux des pays du tiers monde. (15) Les analyses montrent bien que calcium, magnésium, fer et zinc sont présents dans les plantes consommées dans ces régions, mais leur contenu élévé en phytates empêche leur absorption.
Les graines de soja sont, de toutes les céréales et les légumineuses qui ont été étudiées, celles qui contiennent les teneurs les plus élevées en phytates (16), ces phytates de la graine de soja sont particulièrement résistants aux techniques habituelles de réduction de la teneur en phytates, telle une lente cuisson prolongée. (17) Seule, une longue période de fermentation est capable de réduire de façon significative le contenu des graines de soja en phytates. Lorsque des produits précipités comme le tofu sont absorbés en même temps que de la viande, les effets déminéralisants des phytates sont diminués. (18) Au Japon, on mange traditionnellement une petite portion de tofu ou de miso incorporé à un bouillon de poisson riche en matières minérales, suivi d’un plat de viande ou de poisson.
Les végétariens, consommateurs de tofu et de caillé de haricots comme substitutifs de la viande ou des produits laitiers, risquent des carences sévères en matières minérales. Les conséquences des carences en calcium, en magnésium et en fer sont bien connues, celles en zinc beaucoup moins.
Le zinc est catalogué métal de l’intelligence, parce qu’il est indispensable au développement et au fonctionnement normaux du cerveau et du système nerveux. Il joue un grand rôle dans la synthèse des protéines et la formation du collagène. Il est impliqué dans la régulation du sucre sanguin et protège ainsi du diabète. Il est indispensable à la fonction de reproduction. Le zinc entre dans la composition de nombreux enzymes et joue un grand rôle dans le système immunitaire. Les phytates de la graine de soja dépriment l’absorption du zinc beaucoup plus que celle d’autres minéraux. (19) La carence sévère en zinc peut provoquer un sentiment d’ “ivresse spatiale” que certains végétariens prennent pour le “summum” de la spiritualité.
La consommation du lait a été donnée comme raison à la taille plus élevée des Japonais de seconde génération aux Etats-Unis. Certains enquêteurs en déduisent que la diminution du contenu en phytates du régime des Américains, quelque puissent être ses autres inconvénients, en est la seule explication, mettant l’accent sur le fait que les enfants, tant Américains qu’Asiatiques, ne consomment jamais assez de viande et de poisson pour palier les effets d’un régime riche en phytates, souffrant souvent de rachitisme, de retards de croissance et d’autres problèmes de développement. (20)
Les isolats de protéines de soja, pas si sympa que cela
Les industriels transformateurs du soja ont travaillé dûr pour éliminer les facteurs antinutritionnels dans le produit fini, en particulier dans les isolats de protéines de soja (SPI), qui sont les composants-clé de la plupart des aliments imitant la viande et les produits laitiers, y compris les aliments infantiles et quelques marques de lait de soja.
Le SPI n’est pas quelque chose que l’on puisse fabriquer dans sa cuisine. La fabrication se fait dans des usines où une mixture de graines de soja et d’eau est tout d’abord additionnée d’une solution alkaline pour en retirer la cellulose (fibre), puis extraite au moyen d’un lavage avec une solution acide, qui au final est neutralysée par une solution alkaline. Le lavage à l’acide dans des cuves en aluminium amène des doses de métal élevée dans le produit final. Le caillé élaboré est séché dans une tour spray à des températures élevées, afin d’obtenir une poudre très riche en protéines. Le comble de l’indignité pour la graine d’origine est son extrusion à température très élevée pour fabriquer les protéines végétales texturées (TVP).
La plus grande partie des inhibiteurs est éliminée lors des traitements à température élevée, mais pas la totalité. La teneur des isolats de protéine de soja peut varier du simple au quintuple. (21) Même de très faibles teneurs en inhibiteurs de la trypsine se traduisent chez les rats par des retards de croissance par rapport aux contrôles. (22) Mais le passage à de très hautes tmpérature a pour effet secondaire malheureux de dénaturer les autres protéines du soja, qui deviennent très mal utilisées. (23) C’est la raison pour laquelle les animaux élevés avec des protéines de soja ont besoin d’être supplémentés en lysine pour corriger leurs retards de croissance.
Les nitrites sont de puissants carcinogènes. Ils se forment lors du séchage en tour spray. Un autre produit toxique, la lysino-alanine est formée lors du lavage alcalin. (24) De nombreuses flaveurs artificielles, et en particulier le MSG, sont additionnées au SPI et aux protéines végétales texturées pour en masquer le goût de haricot et leur donner celui de viande . (25)
Dans les essais nutritionnels, l’utilisation de SPI augmenta les besoins en vitamines E, K, D, et fit apparaître des signes de carences en calcium, magnésium, manganèse, molybdène, cuivre, zinc et fer. (26) L’acide phytique rémanent dans ces dérivés du soja inhibe très fort l’asorption du zinc et du fer. Les animaux nourris au SPI présentent une augmentation de la taille de certains organes, en particulier le pancréas et la thyroïde, ainsi que une déposition plus importante des acides gras dans le foie. (27)
Pourtant les isolats de protéines et les protéines végétales texturées sont utilisées de façon très importante dans les repas des écoliers américains (school lunch programs), dans les produits de boulangerie, dans les boissons hygiéniques et dans les denrées des fast-foods. Ils sont intensivement promotionnés dans les pays du tiers monde et forment la base de nombre de programmes d’aide alimentaire. En dépit de certains mauvais résultats d’essais effectués sur des animaux, l’industrie du soja a financé un nombre important d’études pour montrer que les produits à base de protéines de soja peuvent remplacer les aliments traditionnels de ces populations. Un exemple parmi tant d’autres : ” Qualité nutritionnelle des isolats de protéines de soja : enquêtes réalisées sur des enfants d’âge préscolaire”, sponsorisée par la Ralston Purina Company. (28) Un groupe d’enfants d’Amérique Centrale atteints de malnutrition a été de prime abord “stabilisé”, puis amélioré du point de vue nutritionnel en leur faisant ingérer, en plus de leur alimentation habituelle, du lait et de la viande. Puis, pendant une période de deux semaines, les aliments traditionnels furent remplacés par un breuvage d’isolat de protéines et de sucre. Le bilan azoté fut effectué (analyses de l’azote ingéré, de l’azote excrété) selon les critères d’Orwell. Les enfants étaient pésés nus chaque matin et excréments et vomis recueillis pour analyses. Les chercheurs trouvèrent que les enfants avaient assimilé l’azote et que leur croissance durant la période avait été normale. Donc on déclara que l’essai avait été concluant. Que les enfants aient été réellement en bonne santé et qu’ils eussent pu le rester pendant une longue période est une autre question . Les chercheurs notèrent toutefois que les enfants vomissaient “à l’occasion”, en général après la fin d’un repas. Que plus de la moitié d’entre eux avaient présenté des épisodes de diarrhée modérée, que quelques-uns avaient contracté une affection des voies repiratoires supérieures et que quelques autres avaient souffert de fièvre et d’urticaire.
Il y a lieu de remarquer que les chercheurs n’ont pas osé utiliser les produits du soja seuls pour guérir ces enfants de la malnutrition et qu’ils ont dû supplémenter la mixture de soja avec les nutriments absents dans ces produits, en particulier les vitamines A, D et B12, du fer, de l’iode et du zinc.
La revendication de santé de la FDA contestée
La meilleure stratégie pour commercialiser un produit qui n’est pas sain de nature est évidemment de lui obtenir une “revendication” de santé. “La route pour l’approbation par la FDA a été longue et exigeante”, confesse un apologiste de la protéine de soja, “et elle a consisté à faire une revue détaillée des données cliniques chez l’homme, de plus de 40 études efectuées sur une période de 20 ans. La protéine de soja s’est révélée comme étant une des rares denrées pouvant justifier de suffisamment de données scientifiques, non seulement pour être qualifiée pour donner lieu à une revendication de santé, mais également pour recevoir une approbation d’utilisation (alimentaire). (29)
La route “longue et exigeante” pour l’approbation par la FDA prit en réalité quelques détours inattendus. La revendication d’origine, soumise par Protein Technologies International faisait le demande d’une revendication de santé pour le contenu en isoflavones, des composés à action oestrogène qui se trouvent en quantité dans le soja. Elle était basée sur l’affirmation que “seule la protéine de soja fabriquée selon un procédé permettant la rétention des isoflavones dans le produit abaissait la teneur du sang en cholestérol”. En 1998, la FDA prit l’initiative sans précédent de ré-écrire la revendication de Protein Technology International, en en enlevant toute référence aux phyto-oestrogènes et en la remplaçant par une revendication de santé, une initiative en contradiction totale avec les règlements de l’agence. La FDA est habilitée à rendre un arrêté sur un produit seulement en cas de demande formelle d’un appliquant.
Ce brusque changement de direction était sans doute dû au fait qu’un nombre important de chercheurs, y compris dans la sphère administrative, présentèrent des documents montrant que les isoflavones sont des produits toxiques.
La FDA reçut également, dès le début de l’année 1998, le rapport du Gouvernement Britannique sur les phyto-oestrogènes, qui ne trouvait pas de preuves suffisantes de l’utilité de ces substances et qui donnait l’alerte sur les risques qu’elles présentaient. (30) Même avec le changement dans le texte de la revendication, les bureaucrates commis au “rigoureux cheminement en vue de l’approbation” furent contraints de faire preuve de souplesse sur les soucis engendrés par les effets de blocage, les inhibiteurs d’enzymes, les risques de goitre, les troubles endocriniens, les incidences sur la reproduction et les réactions allergiques consécutives à la consommation de produits à base de soja.(31)
Une des lettres de protestation les plus vigoureuses fut adressée par le Dr Dan Sheehan et le Dr Daniel Doerge, chercheurs au National Center for Toxicological Research . (32) Leur insistance pour que l’on étiquetât une mise en garde fut rejetée comme injustifiée.
Il y a “suffisamment de preuves scientifiques” sur les propriétés anti-cholestérol. Cette affirmation provient en grande partie de la méta-anlyse effectuée par le Dr James Anderson, étude financée par Protein Technologies International et publiée dans le New England Journal of Medecine. (33)
Une méta-analyse est une revue résumant les résultats des nombreux essais cliniques effectuées sur un même sujet. L’utilisation des méta-analyse en vue de tirer des conclusions générales a été l’objet de sévères critiques de la part de la communauté scientifique. “Les chercheurs qui remplacent par la méta-analyse des expériences plus rigoureuses risquent de faire de fausses hypothèses et de se laisser aller à des calculs imaginaires” déclare Sir John Scott, Président de la Royal Society de Nouvelle-Zélande. “Il n’est pas possible de mettre dans le même sac des résultats qui ont l’air de se ressembler. De petits et de gros morceaux de données sont associés par divers groupes de personnes”. (34)
Il y a l’autre tentation pour des chercheurs, en particulier les chercheurs qui reçoivent un financement de la part d’une compagnie comme United Technologies International, celle d’écarter les études qui empêcheraient de tirer les conclusions attendues. Le Dr Anderson a rejeté 8 études pour des raisons diverses, ne prenant en compte que les 29 autres. Le rapport publié en fin de compte suggérait que les personnes présentant un taux de cholestérol supérieur à 250mg/dl verraient “une diminution de 7 à 20 % de leur cholestérol sérique, grâce à la substitution des protéines animales par de la protéine de soja. La diminution de la teneur en cholestérol serait insignifiante pour ceux dont le taux de cholestérol ne dépassait pas 250 mg/dl.
En d’autres termes , pour la plupart d’entre nous, abandonner les steacks pour des “vegeburgers” ne changerait rien à notre taux de cholestérol. La revendication de santé approuvée par la FDA “après la revue en détail des données cliniques recueillies chez les humains” manque son but qui est d’informer le consommateur de ce détail capital.
La recherche qui lie le soja à des effets positifs sur les teneurs en cholestérol est “incroyablement immature”, d’après Ronald M Krauss, directeur du Programme de Recherche Médicale Moléculaire et du Lawrence Berkeley National Laboratory. (35) Il aurait pu ajouter que les essais qui s’étaient traduits par une diminution des taux de cholestérol, que ce soit grâce à un régime où grâce aux médicaments, avaient constamment provoqué un nombre de décès plus élevé dans les groupes traités que dans les groupes témoins, mortalité imputable au cancer, à l’infarctus, à des troubles intestinaux, à l’accident ou au suicide. (36) Les traitements pour abaisser le taux de cholestérol sanguin des Américains procurent chaque année 60 milliards de dollars aux industries qui sont concernées, mais elles ne nous ont pas protégé contre les ravages des maladies cardio-vasculaires.
Soja et cancer
Les nouveaux règlements de la FDA ne permettent pas de faire figurer une quelconque revendication relative à la santé sur les emballages de produits alimentaires, mais cela n’a pas retenu l’industrie du soja, ni ceux qui s’occupent de son marketing de le faire dans leur littérature promotionnelle. En plus d’une protection du coeur” selon une brochure d’une société, “le soja a montré de puissants effets de protection contre le cancer… Les Japonaises, qui mangent 30 fois plus de soja que les Américaines, présentent une incidence beaucoup moins élevée de cancer du sein, de l’utérus et de la prostate.” (37)
Ce qui est vrai. Mais les Japonais, et tous les Asiatiques en général,souffrent plus fréquemment d’autres formes de cancer, en particulier ceux de l’oesopahe, de l’estomac, du foie et du pancréas. (38) Partout dans le monde, les Japonais ont des taux élevés de cancers de la thyroïde. (39) La logique qui voudrait que des niveaux peu élévés de cancer des organes de la reproduction soient liés à la consommation du soja devrait attribuer le niveau élevé des cancers de la thyroïde et ceux du tube digestif aux mêmes aliments, en particulier à cause du fait que le soja induit ces types de cancer chez les rats de laboratoire.
En fait, on peut se demander combien de soja les Asiatiques mangent-ils? Une enquête, réalisée en 1998 a montré que la consommaation journalière moyenne au Japon était de 8 grammes par jour pour les hommes et de 7 grammes pour les femmes, en fait moins de deux petites cuilères à café. (40) La célèbre Cornell China Study, dirigée par Colin T. Campbell, a montré qu’en Chine la consommation de légumineuses variait de 0 à 56 grammes par jour, avec une moyenne de 12 grammes. (41) En estimant que les 2/3 de cette consommation soit du soja, le maximum de consommation journalière serait de l’ordre de 40 grammes, c’est-à-dire 3 cuilerées à café, avec une moyenne de 9 grammes, c’est-à-dire à peine plus d’une petite cuillère. Une enquête datant de 1930 avaient montré que les produits à base de soja représentaient moins de 1,5 % des calories de la ration d’un Chinois, et celles de porc 65 % . (42) Traditionnellement les Chinois faisaient la cuisine avec du saindoux et non pas avec des huiles végétales.
Les produits fermentés du soja sont en fait de délicieux assaisonnements, naturels, qui peuvent aporter de nombreux suppléments nutritionnels dans le régime des Asiatiques. Mais en dehors des périodes de famine, les Asiatiques les consomment en petite quantité, en tant que condiments, et non pas pour les substituer aux aliments d’origine animale, sauf dans une exception : les moines célibataires vivants dans les monastères et menant un style de vie végétarien trouvent que les aliments dérivés du soja sont d’une aide remarquable pour tempérer la libido.
C’est la méta-analyse de Mark Messina qui, en 1994, alimenta les spéculations sur les propriétés anti-carcinogènes du soja. (43) Messina trouva que dans 26 études sur animaux, 65 % avaient constaté des effets protecteurs du soja en matière de cancer. Il négligea d’inclure dans son étude au moins un essai dans lequel il fut démontré que le soja provoquait le cancer du pancréas, l’étude de Rakis datant de 1985. (44) Chez l’homme, les résultats étaient en fait très mitigés. Quelques résultats montraient bien un effet protecteur, mais la plupart ne montraient aucune corrélation entre cancer et consommation de produits du soja. Il faisait la conclusion que “les données présentées dans cette revue ne peuvent pas être utilisées en tant que preuves pour déclarer que l’ingestion de soja diminue les risques de cancer”. Malgré cela, dans son livre publié par la suite, “Le soja tout simplement et votre santé”, Messina faisait une seule affirmation, recommandant la consommation d’une tasse (230 grammes) de produits à base de soja par jour, dans le régime “optimal” qu’il préconisait pour prévenir le cancer.
Des milliers de femmes consomment à présent du soja, croyant que cela les empêchera de contracter le cancer du sein. Pourtant, en 1996, des chercheurs ont trouvé que les femmes consommant des isolats de soja présentaient une incidence accrue d’hyperplasie épithéliale, un état qui préfigure la formation de tumeurs malignes. (45) L’année suivante, on découvrit que la génistéine présente dans l’alimentation stimulait les cellules mammaires et les faisait entrer dans le cycle cellulaire, une découverte qui incita les auteurs de l’étude à conclure que les femmes devraient s’abstenir de consommer des produits du soja pour prévenir le cancer du sein. (46)
Les phyto-oestrogènes: produit miracle ou poison ?
Les males des espèces tropicales d’oiseaux ont à la naissance le terne plumage des femelles et ils ne prennent leurs couleurs qu’à la maturité sexuelle, entre quelque chose comme 9 à 24 mois.
En 1991, Richard et Valérie James, éleveurs d’oiseaux exotiques à Wangerai, Nouvelle-Zélande, achetèrent une nouvelle marque d’aliment pour nourrir leurs oiseaux, basée essentiellement sur des protéines de soja. (47) Avec l’utilisation de cet aliment, leurs oiseaux prirent leurs couleurs après seulement quelques mois. En réalité, un des fabriquant des aliments pour oiseaux avoua que cette précocité était un avantage de l’aliment en question. Une annonce publicitaire des aliments Roudybush en 1992 montrait une image d’un Crimson Rosella rouge foncé, un perroquet australien qui normalement prend ses couleurs entre 18 et 24 mois, coloré billamment déjà à l’âge de 11 semaines.
Malheureusement, au cours des années suivantes, la fertilité des oiseaux diminua, avec la précocité de la maturation. Il apparut des oisillons déformés, chétifs ou mort-nés, surtout les femelles, avec pour résultat que la population globale des volières diminua régulièrement. Les oiseaux présentaient des malformations du bec et des os, des goitres, des troubles du système immunitaire et un comportement pathologique agressif. L’autopsie révéla une désintégration complète du tube digestif. La liste des problèmes correspondait avec nombre de problèmes rencontrés par les Jameses avec leurs deux enfants, qui avaient été alimentés avec un aliment infantile à base de soja.
Ahuris, frappés d’horreur et en colère, les Jameses contactèrent Mike Fitzpatrick, un PhD toxicologue, pour faire une enquête complémentaire. La revue de la littérature réalisée par le Dr Fitzpatrick apporta les preuves que la consommation de soja était liée à de nombreux troubles, y compris ceux de la fertilité, de l’augmentation des cancers et de la leucémie infantile. Dans des études des années 1950, (48), il y avait la preuve que la ginestéine provoquait des perturbations hormonales chez les animaux. Le Dr Fitzpatrick analysa aussi l’aliment pour oiseaux et il montra qu’il contenait une teneur élevée de phyto-oestrogènes, en particulier de la ginestéine. Lorsque les Jameses cessèrent de distribuer l’aliment suspecté à leurs animaux, le troupeau retrouva progressivement un comportement et une reproduction normaux.
Les Jameses embarquèrent alors dans une croisade privée, pour avertir le public et les fonctionnaires des dangers des toxines résiduelles présentes dans les denrées à base de soja, en particulier sur les isoflavones, la ginestéine et le diadzène. Protein Technology International eut connaissance de leur arguments en 1994.
En 1991, des chercheurs Japonais découvrirent que la consommation d’une quantité aussi faible que 30 grammes (2 cuillerées à soupe) de soja par jour seulement pendant un mois provoquait un accroissement marqué de l’hormone stimulante de la thyroïde (TSE). Un goitre diffus et de l’hypothyroïdisme se manifestèrent chez quelques personnes et un certain nombre se plaignirent de constipation, de fatigue et de léthargie, malgré un apport d’iode convenable. En 1997, les chercheurs du FDA’s National Center for Toxicological Research firent la découverte bien embarrassante que les composants responsables du goitre étaient les isoflavones. (50) 25 grammes d’isolat de protéines de soja , la quantité minimum avancée pour obtenir des effets anti-cholestérol contenaient 50 à 70 mg d’isoflavones. Or il suffit de seulement 45 mg de ces substances pour exercer des effets biologiques significatifs chez les femmes pré-ménopausées, y compris une diminution des hormones nécessaires à une fonction thyroïdienne normale. Ces effets persistèrent durant 3 mois après l’arrêt de la consommation de soja. (51)
100 grammes de protéines de soja, dose maximim conseillée pour obtenir un effet sur le taux de cholestérol et quantité préconisée par Protein Technologies International, contient à peu près 600 mg d’isoflavones (52), soit une quantité toxique. En 1992, le service suisse de la santé estimait que 100 grammes de protéines de soja contenait autant d’oestrogènesque la pillule. (53)
Des études in vitro suggèrent que les isoflavones inhibaient la synthèse de l’oestradiol et des hormones stéroïdes. (54) Des problèmes de reproduction, de la stérilité, des troubles thyroïdiens et des maladies hépatiques en relation avec l’ingestion journalière d’isoflavones ont été observées dans plusieurs espèces animales, y compris souris, guépard, cailles, porcs, rats, esturgeon et mouton. (55)
Ce sont les isoflavones du soja que l’on accuse d’avoir une action sur les symptômes d’après la ménopause, y compris bouffées de chaleur et ostéoporose. L’inconfort dû aux bouffées de chaleur est difficile à quantifier et très subjectif et les sujets du lot de contrôle peuvent également en ressentir les effets au même niveau que celles qui absorbent les mêmes aliments à base de soja. (56) Mais l’affirmation que le soja prévient l’ostéoporose paraît extraordinaire, puisque les aliments à base de soja bloquent le calcium et provoquent une carence en vitamine D. Si les Asiatiques ont bien des taux d’ostéoporose plus faibles que les gens de l’Ouest, c’est à cause du fait que leur alimentation contient des quantités importantes de vitamine D procurée par les crevettes et les fruits de mer, et beaucoup de calcium présent dans leurs bouillons faits à base d’os. La raison pour laquelle les Occidentaux ont tant d’ostéoporose, c’est à cause de la substitution du beurre par l’huile de soja, source traditionnelle de vitamine d et d’autres activateurs nécessaires à l’absorption du calcium.
Pillules pour bébés
Mais ce furent les isoflavones d’un aliment pour bébés qui causèrent le plus de soucis aux Jameses. En 1998, les chercheurs montrèrent que l’exposition journalière des tout jeunes enfants aux isoflavones dans un aliment infantile est 6 à 11 fois plus élevée par kilo de poids vif que celle déclenchant des troubles hormonaux chez un adulte qui consomme des protéines de soja. Les concentrations en isoflavones des jeunes enfants nourris avec des aliments infantiles à base de soja étaient 13.000 à 22.000 fois plus élevées que dans le plsma des enfants nourris au lait de vache. (57)
Environ 25 % des nourrissons américains sont élevés au biberon avec des formules à base de soja, un pourcentage bien plus élevé que dans tout le reste de l’Occident. Fitzpatrick estime qu’un enfant recevant uniquement une formule d’aliment à base de soja reçoit par unité de poids vif l’équivalent en oestrogène d’au moins 5 pillules par jour. (58) Par contre, on n’a jamais mis en évidence de phyto-oestrogènes dans les aliments infantiles à base de lait de vache, ni dans le lait des femmes qui consomment des protéines de soja.
Il y a des années que les scientifiques savent que les aliment à base de soja peuvent causer de l’hypothyroïdisme chez les jeunes enfants. Mais quel peut être l’effet des produits du soja sur leur développement hormonal, à la fois mâle et femelle?
Les petits garçons sont affectés d’un “poussée de testostérone” au cours de leurs premiers mois d’existence, alors que leur taux de testostérone est aussi élevé que celui d’un adulte. Normalement l’enfant est programmé pour exprimer ses carctéristiques males après la puberté, pas seulement le développement de son appareil génital et des traits de son physique, mais aussi dans la mise en place au niveau du cerveau des caractères du comportement masculin. Chez les singes, un déficit des hormones males compromet la perception de l’espace, plus développée, dans l’espèce humaine, chez les hommes que chez les femmes, de leur capacité d’apprentissage et d’acuité visuelle, nécessaires par exemple à un bon apprentissage de la lecture. (59) Il va sans dire que les clichés du comportement sexuel peuvent aussi être influencés par un imprégnation hormonale précoce. Le enfants mâles soumis durant la grossesse au diéthylstilboestrol (DES), hormone synthétique ayant sur les animaux des effets analogues aux phyto-oestrogènes du soja, présentent des testicules plus petits que la normale lors de la puberté (60)
Les troubles de l’apprentissage ont acquis chez les garçons les caratères d’une épidémie. L’alimentation avec les produits dérivés du soja, qui a commencé vraiment dans les années 1970, ne peut pas être ignorée en tant que cause “probable” de ces développements tragiques.
Quant aux filles, elles deviennent pubères beaucoup plus tôt que la normale, suivant une récente étude publiée dans le journal Pediatrics . (61) Les enquêteurs ont remarqué que 1 % des filles présentent à présent des signes de puberté, tels que le développement des seins et des poils du pubis, dès l’âge de 3 ans. A l’âge de 8 ans, 14,7 % des petites filles de race blanche et presque 50 % des petites noires présentent l’un ou l’autre de ces caractères, parfois les deux. De nouvelles données montrent que les oestrogènes présents dans l’environnement comme les PCB et le DDE (provenant de la destruction du DDT) peuvent provoquer un développement sexuel précoce chez les petites filles. (62) Dans l’étude Premature Thelarche effectuée à Porto-Rico, l’aliment associé avec un développement sexuel précoce n’était pas le poulet aux hormones, comme cela a été raporté par la presse, mais les formules d’aliments infantiles à base de soja. (63)
Les conséquences d’une enfance tronquée de la sorte sont dramatiques. Les petites filles au corps d’adulte doivent faire face à des sentiments et à des désirs pour lesquels ne sont pas bien équipées pour les assumer. Et la puberté précoce des filles est un mauvais présage des maladies du système de la reproduction plus tard dans leur existence, y compris l’absence de règles, la stérilité et les cancers du sein.
Des parents qui sont entrés en rapport avec les Jameses font mention des problèmes associés à l’alimentation avec les formules à base de soja chez les enfants des deux sexes, à savoir conduite émotive extrème, asthme, problèmes immunologiques, insuffisance hypophysaire, troubles thyroïdiens et syndrome de l’intestin fragile, Les mêmes troubles endocriniens et digestifs que ceux qui ont affectés les perruches des Jameses.
Contestations dans les rangs
Les organisateurs du Troisième International Soy Symposium seraient bien pressés de qualifier le Congrès de succès fou. Mais le deuxième jour du Congrès, la London-based Food Commission et la Weston A. Price Foundation de Washington, DC, tinrent une conférence de presse commune, dans l’hôtel même où se tenait le symposium, pour présenter leurs réticences à propos de la formule pour bébés à base de soja. Les représentants de l’industrie restèrent figés à l’énumération des dangers potentiels de cette formule, et devant une pétition de scientifiques inquiets et de parents pour le retrait du marché de la formule pour bébés à base de soja. Sous la pression des Jameses, le Gouvernement néo-zélandais avait fait paraître une mise en garde de santé à propos de cette formule en 1998 : il était temps que le gouvernement américain fît de même.
Le dernier jour du Symposium, la présentation de nouvelles découvertes sur la toxicité du soja fit passer un coup de froid bien oxygéné dans le dos des promoteurs d’un produit lancé à grands renforts de publicité. Le Dr Lon White fit état d’une étude sur les Américains d’origine Japonaise vivant à Hawaii, montrant une relation statistique significative entre la consommation de 2 plats ou plus de tofu par semaine et “le vieilissement précoce du cerveau”. 64 Les personnes qui consommaient du tofu entre les deux-âges (middle-aged) montraient une diminution des fonctions cognitives dans la suite de leur vie et présentaient une incidence plus grande de folie et de maladie d’Alzeimer. “Qui plus est”, ajoutait le Dr White, “ceux qui avaient consommé le plus de tofu, à l’âge de 75 ou 80 ans, paraissaient 5 ans plus agés”. (65) White et ses collaborateurs mettaient cela sur le dos des isoflavones, une découverte qui confirmait des études antérieures montrant que les femmes présentant après la menopause les teneurs les plus élevées d’oetrogènes circulants étaient atteintes d’un déclin de leurs fonctions cognitives. (66)
Les scientifiques Daniel Seehan et Daniel Doerge, du Centre National de la Recherche Toxicologique , ruinèrent les espoirs mis par PTI dans leurs journées en présentant les résultats d’études faites sur les rats, montrant que la génestéine des produits à base de soja provoquait des dommages irréversibles aux enzymes qui réalisent la synthèse de l’hormone tyroïdienne. (67) “L’association entre la consommation de soja et les goitres chez les animaux et les humains est une longue histoire”, écrivit le Dr Doerge. “Les preuves que l’on donne des effets positifs du soja appellent une compréhension complète des effets potentiels négatifs aussi.”
Le Dr Claude Hugues montra que les rats issus de mères à qui l’on avait administré de la ginestéine présentaient à la naissance un poids inférieur aux contrôles et que la puberté était plus précoce chez les descendants mâles. (68) Ses recherches donnaient à penser que les effets constatés chez les rats “seraient pour le moins la préfiguration de ce qui se produit chez l’homme. Il n’y a aucune raison d’estimer qu’il puisse y avoir des malformations foetales importantes, mais on pourrait se trouver en face de modifications subtiles du comportement psychique, de la fonction immunitaire ou de la teneur en hormones sexuelles.” Les résultats” à ce qu’il dit ” pouvaient être de peu d’importance, mais aussi à l’origine de graves soucis… Si maman se met à manger un produit qui a le même effet que les hormones sexuelles, it est logique de s’interroger si cela peut avoir une influence sur le développement de l’enfant”. (69)
Une étude réalisée sur les bébés nés de mères végétariennes, publiée en janvier 2000, a montré quelles pourraient être ces modifications du développement de l’enfant. Les mères qui avaient un régime végétarien durant leur grossesse avaient un risque 5 fois plus grand de mettre à jour des garçons présentant un phimosis, un défaut du pénis à la naissance. (70) Les auteurs de l’étude concluaient que la cause en était l’exposition aux phyto-oestrogènes des aliments à base de soja, denrée très en vogue chez les végétariens.
Les problèmes rencontrés chez les descendants femelles de mères végétariennes ne se manifesteront probablement que plus tard dans le courant de la vie. Même si l’effet oestrogénique du soja n’est pas aussi fort que celui du diéthylstilboestro(DES), les doses en cause sont bien plus élevées, puisque nous avons afaire là à un aliment et non pas à un médicament. Les filles des femmes ayant pris du DES durant leur grossesse souffrirent de stérilité et de cancer quand elles atteignirent ler vingtième année.
Points d’interrogation à propos du statut GRAS
Tapie à l’arrière plan du tapage publicitaire de l’industrie du soja est la question embarrassante de savoir si c’est légal de considérer les isolats de protéine de sja comme un aliment. Tous les additifs alimentaires non en usage habituel avant 1958 doivent bénéficier du statut GRAS (Generally Recognised As Safe), y compris la caséine extraite du lait. En 1992, l’administration Nixon a décidé le ré-examen des substances considérées comme GRAS, à la lumière des données scientifiques disponibles à l’époque. Ce ré-examen s’est apliqué à la caséine qui devint GRAS en 1978. En 1974, la FDA fit faire une revue de la littérature concernant la protéine de soja, en raison du fait que cet aliment n’avait pas été utilisé en tant qu’aliment jusqu’en 1959 et qu’elle n’était même pas d’utilisation courante au début des années 1970. Elle n’était par conséquent pas éligible au statut GRAS de grand-papa, en vertu des règles du Food Drug and Cosmetic Act. 71.
L’examen de la littérature montre qu’en 1974 on avait déja identifié nombre de facteurs antinutritionnels dans la protéine de soja fabriquée en usine, y coptis facteurs ant-trypsique, acide phytique et ginestéine. Mais la revue de la littérture effectuée par la FDA refusa de prendre en considération les effets négatifs, en déclarant qu’il était nécessaire qu’un traitement “adéquat” soit mis en place pour les éliminer. La ginestéine pouvait être éliminée par un lavage à l’alcool, mais c’était là un procédé cher que les fabricants se gardèrent de mettre en place. Des études postérieures montrèrent que le facteur anti-trypsique ne pouvait être détruit qu’après un traitement prolongé à la chaleur à température et sous pression élevées, mais la FDA ne donna aucune spécification pour ce faire.
La FDA était plus soucieuse des toxines produites pendant la fabrication, en particulier les nitrites et la lysinoalanine. (72) Même à très faible dose, soit un tiers de gramme par jour, la présence de ces substances cancérigènes était considérée comme une menace trop grande pour la santé publique pour leur accorder le statut GRAS.
La protéine de soja avait déjà une approbation pour être utilisée comme liant pour la fabrication des boites en , et cette approbation fut maintenue en raison du fait que les chercheurs considérèrent que la migration des nitrites depuis la boite jusque dans le contenu alimentaire était trop faible pour constituer un risque de cancer. Les fonctionnaires de la FDA demandèrent des garanties de sécurité et des procédures de contrôle pour accorder le satut GRAS. Cette exigence ne fut jamais remplie. A ce jour, l’utilisation de la protéine de soja est codifiée GRAS uniquement pour son utilisation industrielle en tant que liant pour les boites en carton. Cela implique que la protéine de soja doive être l’objet d’une approbation avant mise en marché chaque fois que les fabricants on l’intention de l’utiliser comme aliment ou pour être ajoutée à un aliment.
La protéine de soja a été introduite dans les aliments infantiles dès le début des années 1960. C’était un produit nouveau, avec aucun historique d’utilisation antérieure. Comme la protéine de soja n’avait pas le statut GRAS, une autorisation était nécessaire avant de pouvoir la commercialiser. Ce ne fut pas le cas et cette autorisation n’a toujours pas été accordée. L’ingrédient- clé des aliments infantiles n’est donc pas reeconnu sans danger.
L’amiante de demain?
” Contre une toile de fonds faite d’une de louange très étendue…, il se développe une suspicion croissante que le soja, en dépit de ses avantages indiscutables, puisse poser certains risques pour la santé” écrit Marian Burros, une journaliste du New-York Times, spécialiste tête de file en matière d’alimentation. Plus que n’importe quel autre auteur, l’engagement de Mrs Burros pour un régime contenant peu de gras et essentiellement végétarien à conduit des troupeaux d’Américains dans les allées des supermarchés. Malgré cela, dans son article du 26 janvier 2000, elle fait la déclaration suivante propre à sonner l’alarme : ” Des interrogations assombrissent les nouvelles roses à propos du soja. Aucn des 18 scientifiques interrogés dans le cadre de mon enquête n’a accepté de dire que la prise d’isoflavones était sans danger aucun.” Mrs Burros n’a pas établi la liste de ces risques, ni fait mention du fait que les 25 grammes de protéines de soja conseillés journellement contenaient assez d’isoflavones pour provoquer des troubles chez les sujets sensibles, mais il devenait évident que l’industrie éprouvait le besoin de se couvrir.
Parce que l’industrie est extrêmement exposée à…. des juristes indésirables qui auront tôt fait de trouver que les plaignants potentiels pourraient se compter par millions et que les poches des industries sont très, très profondes. ” L’industrie sait depuis très longtemps que le soja contient des toxines. Au début, les industriels ont raconté que les toxines se trouvaient éliminées au cours de la fabrication. Quand il fut devenu évident que les procédés de fabrication ne permettaient pas de s’en débarasser complètement, ils firent dire que ces substances étaient bénéfiques. Votre gouvernement a donné une revendication de santé pour un produit qui est un poison et l’industrie a menti aux consommateurs afin de vendre toujours plus de soja”.
L’industrie, ce sont les marchands, les fabriquants, les scientifiques, les bureucrates, les financiers, les journalistes de l’alimentaire, les fabriquants de vitamines et les détaillants. Les fermiers seront sans doute mis hors de cause, parce qu’ils ont été trompés comme la majorité d’entre nous. Mais il faut qu’ils trouvent quelque chose à cultiver avant que la bulle du soja n’éclate et que le marché ne s’écroule : de l’herbe pour nourrir du bétail, des légumes de rêve et… du chanvre pour fabriquer le papier nécessaire à introduire en justice des milliers et des milliers de procès…
A propos des auteurs
Maria G. Enig, PhD, est expert de réputation internationale dans le domaine de la biochimie des lipides. Elle a dirigé un grand nombre de recherches, aux Etats-Unis et en Israël, sur la composition et les effets des acides gras trans, et a contredit avec succès les assertions gouvernementales selon lesquelles les graisses d’origine animales provoquent le cancer et les maladies cardiaques. Un intérêt récent du monde scientifique et des médias sur les effets négatifs éventuels des acides gras trans a attiré l’attention sur ses travaux. Elle est une nutritionniste diplômée, certifiée par le Certification Board pour les Spécialistes de la Nutrition, témoin-expert qualifié, consultant en nutrition à titre individuel, pour l’industrie, pour les agences gouvernementales et fédérales, rédacteur et co-auteur de nombreuses publications scientifiques, correspondante de l’American College of Nutrition et Présidente de l’Association des Nutritionnistes du Maryland. Elle est l’auteur de plus de 60 publications et présentations, et une conférencière populaire. Le Dr Enig travaille sur le développement de thérapies d’appoint pour le Sida utilisant les acides gras saturés à chaine carbonée de longueur intermédiaire. C’est la mère de trois enfants en bonne santé, élevés avec des aliments entiers naturels comprenant beurre, crème, oeufs et viande rouge.
Sally Fallon est l’auteur de “Traditions culinaires: le livre de cuisine qui défie la nutrition politiquement correcte et les ‘dictocrates’ de la nutrition” (en collaboration avec Pat Connolly, Directrice de la Price-Pottenger Foundation pour la Nutrition, et Maria Enig, PhD). Elle a rédigé de nombreux articles sur des sujets ayant trait à la nutrition et à ses rapports avec la santé. Elle est le rédacteur en chef du Journal trimestriel de la Fondation Price-Pottenger. Mère de 4 enfants en bonne santé alimentés avec de la nourriture traditionnelle avec beurre, crème, oeufs et viande. On peut se faire envoyer ses publications en contactant la Price-Pottenger Nutrition Foundation, à San Diego, California, USA et sur (619) 574 7763.
Copyright: First published in Nexus Magazine, Volume 7, Number 3, April-May, 2000. © 2000 Sally Fallon and Mary G. Enig, PhD. All Rights Reserved.
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