By Maurice LeGoy
Comme nous essayons de le dire depuis plus de trois ans à présent, l’épidémie de “maladie de la vache folle” a été basée sur des fantasmes propagés à grand renfort de publicité, mais pas sur des connaissances scientifiques sérieuses. Mais vous n’avez pas besoin de nous croire.
L’Unité Nationale Britannique de Surveillance de la Maladie de Creutzfeldt-Jacob, cet organisme gouvernemental chargé de suivre les cas de maladies de Creutzfeldt-Jacob et autres maladies comparables à la maladie de la vache folle, déclare maintenant que “de moins en moins de personnes meurent à présent chaque année de ces maladies qui détruisent le cerveau.”
En fait, au 1er janvier 2004, le “variant” bovin de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (vMCJ) chez l’homme aura provoqué en tout et pour tout la mort de 150 personnes dans le monde en 10 ans, dont 139 en Grande Bretagne, depuis son indentification en 1995, bien loin des prédictions alarmistes des 100.000 et plus victimes promises par nos diseurs de malaventure. En réalité, cette maladie du variant été responsable en moyenne de moins de 20 morts par an au cours des 9 dernières années sur toute la planète.
Encore faut-il faire remarquer qu’en 2003 en Grande-Bretagne, sur les 18 morts répertoriés, le diagnostic histologique sur les lésions cérébrales, qui seul peut identifer à coup sûr que la mort est due au vMCJ, n’a pas confirmé la suspicion donnée par les signes cliniques sur la moitié des Britanniques décédés de la maladie (9 sur 18). Or d’après l’article initial dans le Lancet de mars 1996, cet examen histologique sur le cadavre est spécifique de la vMJC et peut seul confirmer l’origine de l’affection.
Si nous vivions dans un environnement où le bon sens avait encore quelque place (voir le récent article de Claude Imbert dans le Point sur le principe de précaution), à la lumière de l’évolution actuelle, il serait judicieux que tous ceux qui ont été à l’origine des idées sur la nature de la maladie de la vache folle ré-évaluent de façon objective les déclarations ou les écrits qu’ils ont pu commettre à l’époque: “Errare humanum est, perseverare diabolicum”. Si la contagiosité de l’agent causal avait été un tant soit peu de l’ordre de celle qui a été suspectée, et s’il avait été actif par voie buccale, on ne voit pas pourquoi l’encephalopathie bovine spécifique (ESB) n’aurait pas “infecté” la totalité du cheptel d’Outre-Manche. Et si la viande avait hébergé cet agent nocif, on peut penser que nos amis Anglais, ayant probablement en été en contact une cinquantaine de fois avec cet agent dans leur alimentation, la vMCJ aurait provoqué des centaines, des milliers, voire des centaines de milliers de morts. Il serait aussi souhaitable que les hommes politiques se débarassent au plus vite du syndrome du sang contaminé et demandent à leurs experts et à leur services une étude objectivée sur l’évolution actuelle chez les animaux et chez l’homme.
Des conséquences économiques considérables ont découlé des mesures destinées à prévenir le passage à l’homme d’un agent capable transmettre une affection incurable et rapidement mortelle après le déclanchement des premiers signes. On peut aisément comprendre les mesures rigoureuses rapidement mises en place en Grande-Bretagne, lorsque sévissait dans le cheptel une affection dont on ne savait à peu près rien et qui, au pic de ” l’épidémie” en 1992, a nécessité l’abattage de près de 1.000 animaux présentant des signes cliniques chaque semaine. Calquer les mesures mises en place en Europe sur ce qu’avaient décidé les Anglais dans les années 1990 ne s’imposait probablement pas, en dehors de la fausse excuse qu’il s’agissait de redonner la confiance des consommateurs dans leur bifteck. On a stocké en France 800.000 tonnes de farines animales interdites dans les aliments des animaux et on a failli faire disparaître l’aquaculture de notre pays en interdisant l’utilisation des farines de poisson dans les aliments truites! Les stoks de ces farines animales prohibées n’augmentent plus grâce… à leur exportation, Dieu seul sait où… Car pour ce qui est de les faire partir en fumée, on attend que se produise un miracle.
Il faut aussi rappeler que 3.500.000 carcasses de bovins de plus de 2 ans ont été passées au test de détection de l’ESB en 2003 et que, à ma connaissance, ce test n’a été positif que sur 34 animaux. J’ai en vain demandé à quelques hommes politiques de poser au Gouvernent la question du coût des mesures mises en place à l’heure actuelle. Est-ce de l’ordre du 1,5 milliards d’euros comme le chuchotent certaines mauvaises langues?
Pour parfaire leur information, les curieux feront bien de se connecterà l’adresse suivante: http://www.agriculture.gouv.fr/esbinfo/pour_savoir_plus/enquetes&rapp/coutesb3011.pdf
Si l’on en croit ce document, le seul coût des mesures de détection, de destruction des animaux positifs et l’élimination des matériaux à risque est de l’ordre de 800.000.000 d’euros. Quand au stockage des farines animales et leur non valorisation par leur achat aux producteurs…
En réalité, l’apparition de l’ESB chez un animal et la contamination sont des phénomènes très complexes dans lesquels les facteurs environnementaux et la nutrition jouent un role bien plus important que le prion. Quant à la génétique, le récent communiqué de l’AFSSA relatif à l’appariton de la tremblante dans une souche considérée comme la plus résistante à la maladie devrait donner lieu à réflexion.
Or, pour mesurer l’importance du risque de développer la maladie du variant de la Creutzfeldt-Jacob, bornons nous à rapporter ce que risque l’Américain moyen durant une seule année de son existence (chiffres communiqués par le National Safety Council), sur les causes de mortalité chaque année sur le territoire des seuls Etats-Unis responsables de plus de victimes que la maladie de la vache folle dans le monde entier :
- Morsures de chien : 25 morts
- piqûre de frelon, de guêpe ou d’abeille : 43 morts
- é bouillanté par de l’eau courante trop chaude : 51 morts
- frappé par la foudre : 64 morts
- mort par accident de bus ou de chemin de fer : 116 morts
- noyé dans sa baignoire : 320 morts
- é touffé ou étranglé accidentellement dans son lit : 330 morts
- tombé d’une échelle : 375 morts
- tombé d’une marche ou dans un escalier : 1.421 morts
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